Pour E. et M. , vous serez parfaits.
Quand j’étais petite, je voulais être une bonne douzaine de choses. Tout d’abord princesse, car leurs robes sont franchement à tomber. Et puis aussi libraire, pour passer ma journée à lire des histoires fantastiques. Danseuse, pour leur grâce incroyable. Chanteuse, pour le bien que cela me procurait. Et puis aussi vendeuse de gâteaux, fleuriste de jardin, actrice, détective-privé, patineuse artistiques, cavalière de nuit, médecin-légiste. Oui, médecin-légiste. De cette liste c’était sûrement le plus normal. Sauf pour mes profs de maths de 3ème et de seconde. J’ai récemment repensé à comment je voyais ma vie plus tard, « quand je serais grande ». Et finalement, je crois que je suis loin de ce que j’imaginais. Parce que je ne suis pas une princesse-chanteuse-danseuse-libraire-fleuriste-médecin-légiste.
Je crois que la première personne que j’ai vraiment détesté, avec tout mon cœur d’enfant, fût ma maîtresse de CM1. Elle nous a demandé ce que nous voulions faire plus tard. Je lui ai répondu : « Je veux lire tellement de livre que je pourrais les raconter à des gens qui les écouteront en mangeant des gâteaux. Et comme ça on sera heureux. »
Et sa réponse m’a rendue triste. « C’est pas réaliste ça. Trouve autre chose. »
Réaliste.
C’est pas terrible comme mot. Et puis réaliste ça veut dire quoi ? J’ai pensé qu’au fond, elle ne m’aimait pas trop cette maîtresse. Sinon pourquoi briser les rêves d’une enfant de 9 ans?
Et aujourd’hui, je suis la grande, je suis l’adulte. Je vois des enfants tous les jours, et tous les jours j’ai l’occasion de leur demander «Que veux-tu faire plus tard ?». Tous les jours je peux entendre leurs rêves qui s’entrechoquent comment autant des possibilités mystérieuses et sacrées, de ce sacré magique, d’un monde encore protégé.
Alors à chaque nouveau métier que j’entends, je leur dit « C’est génial ça ! Et alors tu ferais comment exactement, raconte moi. »
Et on réfléchis ensemble à comment devenir chirurgien de l’espace, parce que c’est vrai que quand on ira coloniser les planètes voisines, il nous en faudra bien des chirurgiens qui veulent opérer dans l’espace.
Et vous savez quoi ? Et bien je ne suis peut-être pas une princesse, mais on chante, on danse, on raconte des histoires, on mange des gâteaux et on est heureux avec ces enfants. Finalement, ma maîtresse de CM1, elle avait peut-être tout simplement arrêter de rêver. Et c’est bien dommage parce que rêver, ça rend heureux, et être heureux, ça aide à grandir.
Un grand merci à la petite classe, de futur.e.s enseignant.e.s, écrivain.ne.s, coiffeurs.ses, danseurs.ses, vétérinaires, bibliothécaires, chanteurs.ses, avocat.e.s, chasseurs.ses de guépard, policier.e.s, ninjas, dessinateur.rice de mangas, footballeurs.ses, youtubers.euses gaming, vendeurs.ses d’overboard, basketteurs.ses.
Particulièrement à deux rêveurs, une future astrodanseuse-chanteuse et un futur caissier chez leclerc « parce que le Bip est beau ». Merci de me rappeler chaque jour que grandir est une affaire d’enfant. Merci de nous rappeler chaque jour, à nous les adultes, que rêver nous empêche de vieillir.
Merci.
A ceux qui font un métier qui n’avait pas encore été inventé en 2000, une ancienne élève aujourd’hui maîtresse – comédienne – chanteuse (de salle de bain) – lectrice (du quotidien) – autrice – pâtissière (pour mes chéris) – rêveuse (pas que la nuit) – danseuse (surtout après 18h) – fleuriste (de mon jardin) – décoratrice (de ma maison) – guérisseuse de chagrins, spécialité moins de 10 ans.