10 ans d’âges

Lorsque nous sommes entrés dans la dernière décennie, j’avais 18 ans et c’était un sacré chantier. Je pense que pour beaucoup de personne de ma génération, cette nouvelle décennie a une saveur particulière, on y entre sereins, et pour moi c’est la première fois. Après l’enfance et la fin de l’adolescence, je commence une nouvelle décade, riche de 10 âges traversés depuis la dernière.

En 10 ans, il s’en passe des choses. Je venais de rencontrer un garçon, avec qui je me suis mariée cet été. Je rêvais d’avoir les cheveux roses pastel, et il m’aura fallu 8 ans pour sauter le pas. Je me suis réorientée. Trois fois. J’ai rêvé, beaucoup. J’ai pleuré, beaucoup aussi. J’ai ris, découvert des amis. Certains sont restés, d’autres sont partis. J’ai réussis l’université, chose que je n’aurais jamais imaginé. J’ai appris à me connaître, me comprendre, et un peu à m’aimer.

Ce qui m’effrayait autrefois me fait sourire à présent. 19, 20, 21 ans. Mes trois premiers anniversaires de l’ancienne décennie. Je ne sais pas pour vous, mais j’entends beaucoup « ah si je pouvais retourner en arrière et me dire ci ou ça… ». C’est vrai que c’est tentant.
Mais si je dois être honnête, je pense que je ne le ferai pas. Peut-être que c’est un peu maso, mais chaque chose traversée dans ma vie, chaque rencontre, bonne ou mauvaise, m’a apporté.
J’ai terminé la première moitié de cette décennie à 23 ans, complètement perdue, un BTS en poche, des études de théâtre en cours, une job de vendeuse récemment planté pour un job de serveuse et découvrir peu avant la fin de l’année que je n’étais pas déclarée. 2015 et ses joies.
2015 c’était aussi une année d’amitiés, une année où, à force de creuser, j’ai fini par trouver une nécessité, une urgence, celle de dire. Moi qui avait laissé tomber carnets et crayons pour ne plus rien dire, petit à petit j’ai repris le goût d’écrire. Pour moi d’abord, puis pour d’autres un peu.
Et 2016 a vu l’un des plus beaux projets de ma vie naître, ma pièce, mon projet. Mes mots, dans la bouche d’autres. Mes mots qui volaient dans l’espace. Aujourd’hui, si je les trouve un peu naïfs ces mots, j’ai envie de les retravailler, pour vous les partager avec les formats que j’affectionne à présents.
Parce que 2017 m’apporté une connaissance extraordinaire de qui je suis. Et j’ai accepté. Accepter tout ce que je suis, mes contradictions incluses. Aimer le théâtre, mais ne pas pouvoir vivre dans la précarité. Aimer parler, mais avoir peur d’être entendue.
Aimer écrire, plus que tout, juste après lire.
Aimer les mots. Aimer les gens. Associer les deux et parler d’Eux.
Alors en 2017, après avoir vu mes mots dans la bouche d’autres, j’ai accepté de faire ce dont j’avais peur, risquer d’échouer à l’université, mais tout plutôt que de ne plus dormir parce que ce choix de vie ne me convenait pas parfaitement.

Aujourd’hui encore, certains ne comprennent pas, ce choix étrange, de vouloir jouer, écrire et avoir une situation stable.
Avoir le beurre et l’argent du beurre. Sauf que je n’ai que le beurre, fruit de mon travail. J’ai mon diplôme et mon emploi, après une réorientation difficile, des semaines à jongler entre école, cours et plateau.
J’ai la fatigue, la joie, le stress, l’envie, la nécessité de m’allonger à côté des gens qui m’inspirent. Parce que eux ont fait ce choix extraordinaire, de tout vivre intensément, chose dont je suis incapable, profondément.

C’était 2018, c’était beau, ces nouveaux mots. Ils ne venaient pas de moi, mais avaient été pensés pour moi. Quand un ami vous dit  » J’ai des mots, je veux les entendre de toi, là sur ce plateau », C’est un des plus beaux cadeaux que l’on puisse vous faire. Des mots qui n’appartiennent qu’à vous. S’allonger à côté des autres, respirer, projeter, bouger. Se lever, respirer, projeter, bouger. Chanter, jouer, aimer, hurler, détester.
A côté de tout ça, l’école, l’amour, les amis. La vie.

2019. Cette année folle. Cette année où je me suis mariée chose inconcevable pour moi il y’a 10 ans.
Cette année où j’ai joué, sur une scène nationale. Entourée d’amis. C’était beau. C’était fou. C’était parfait.
Cette année où j’ai eu mon diplôme, un travail, la sérénité et des nuits plus régulières. Enfin.
Cette année où j’ai accepté, de me faire aider, accompagner, aimer, par ceux qui me le proposaient. Parce que grandir, c’est accepter ses failles.

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Aujourd’hui, une nouvelle décennie commence. J’aimerai penser à toutes ces choses découvertes et oubliées pendant 10 ans. J’aimerai imaginer comment sera l’avenir, dans 10, 20 ou 50 ans. J’aimerai rêver très loin et très impossible avec vous. Et ce serait probablement drôle.

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J’aimerai imaginer ce que je dirai à mon moi d’il y à 10 ans.
Mais j’ai décidé remercier chaque erreur que j’ai faite, chaque faux pas. Chaque personne qui m’a tendu la main, ou m’a poussé à faire mieux. Parce qu’en 10 ans, on traverse tant de choses, qu’il est bon parfois de se poser, de regarder et de s’aimer, pour mieux avancer.

Belle année à tous, et n’oubliez pas de vous aimer.

Chloé&François-94web

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