Lorsque l’hiver arrive, les fêtes de Noël nous tiennent dans une énergie qui relève parfois de l’euphorie. Mais arrive le 2 janvier, et doucement alors, on glisse dans un calme qui peut s’apparenter à une mélancolie. Dehors le froid s’est installé. On observe la buée se former au moindre souffle contre la vitre. Alors que la vie à l’intérieur du cocon s’installe, on prend le temps de regarder le temps passer.
Tricoter, coudre, bricoler… A l’intérieur c’est l’envie de changer, l’envie de bouger.
Alors que tout semble figé, j’ai déplié le drap sale et taché, celui qui sert pour les peintures. Dessus j’ai posé une chaise chinée, et j’ai projeté mon envie de renouveau, mon besoin de printemps. Un peu de bleu ici et un peu de vernis. Sortir la machine à coudre et découper le tissu. Déposer un oiseau sur la peinture.
Pendant l’hiver, la mélancolie a des couleurs d’été.
Livres
Katarina Bivald – Le jour où Anita envoya tout balader
Katarina Bivald fait parti des auteurs qui m’ont marqué alors que rien ne m’y avait préparé. Sa bibliothèque des coeurs cabossés était époustoufflante. On prend du plaisir à retrouver sa plume, au service cette fois de l’histoire d’Anita. Bien que j’ai eu moins d’affinités avec cette héroïne certainement hors normes, on ne peut qu’admirer la créativité de Katarina Bivald face à l’ordinaire. Elle fait d’une crise existentielle un sujet extrêmement drôle et sérieux à la fois, emplis de cette délicatesse scandinave. On veut se prendre de passion pour la moto avec 18 ans de délais. On veut avoir les 39 ans d’Anita.
Durian Sukegawa – Le rêve de Ryosuke
Il est particulier le lyrisme de Durian Sukegawa. Comme un enchantement, il vous happe et vous emmène sur une île aux odeurs de fromage, de poisson et d’arbres immenses qui abrite les secrets de ceux qui s’asseyent en dessous pour y penser. Il dresse les portraits d’hommes et de femmes, enfermés sur île. Mais au delà de la mer qui dresse ses lois, ce sont les habitants qui conditionnent leurs nécessités. Gare à ceux qui veulent y déroger, les traditions sont ici des livres sacrés, fait de sang et d’eau salée.
Victoria Mas – Le bal des folles
Un livre que j’ai eu le bonheur de trouver au pied du sapin avant de me l’acheter. Ces livres là sont les meilleurs, ceux que l’on veut et qui nous parvienne sans que l’on y soit pour rien. Victoria Mas dresse les portraits de femmes internées à la salpêtrière à la fin du 19ème siècle, à l’époque de Charcot. Si le sujet est sombre, Victoria Mas a réussi un tour de force avec ce premier roman, celui de parler d’une réalité tabou avec humour. D’une scène à l’autre, le lecteur passe du rire à la colère, confronté à l’injuste que subisse ces femmes ins.ternées par leurs familles, maris, enfants et parfois même proxénètes!
Et si certains portraits nous font réfléchir quant à la folie, ce ne sont pas toujours ceux de ces patientes si particulière…
Morosinotto – Le célèbre catalogue Walker & Down
Un livre sur lequel je lorgnais depuis plusieurs mois à la librairie et qui ne m’a absolument pas déçu! Certes c’est un roman jeunesse (à partir de 12 ans, 10 pour les très bons lecteurs), mais il est très agréable à lire pour les adultes. Les quatre héros commandent un revolver avec des sous trouver au fond du bayou mais reçoivent à la place une montre cassée. Ils vont alors vivre une formidable aventure avec force rebondissements, rencontrant tricheurs, menteurs, voleurs et imposteurs.
Séries
Cet hiver J’ai terminé une de mes séries préférées, Anne with a E. Autant pour son message libérateur et son positionnement féministe que pour la beauté de la photographie et des costumes. Des paysages à couper le souffle, qui m’ont donné envie de déménager sans attendre. L’héroïne, Anne, est une enfant adoptée qui sublime son quotidien à travers sa grande capacité à rêver et imaginer un monde dont elle est la princesse. Mais la réalité la rattrape, souvent et violemment. Pourtant c’est cette imagination qui lui donnera raison et l’aidera à atteindre les étoiles, tout du moins les rêves qu’elle en fait.
Et enfin, enfin Las chicas del cable a repris. Et si vous aimez les séries engagées, alors foncez! Ce n’est que la moitié de la dernière saison, mais quel immense bonheur de retrouver Lydia et ses amies. Le contexte de la dernière saison est pourtant difficile et raisonne en moi. Cette guerre qui a provoqué la mort de tant de gens et l’éxode de ma famille paternelle, je la découvre différemment, presque avec humour et parfois, grâce aux portraits de ces femmes hors du commun que les actrices tiennent à la perfection d’un bout à l’autre.
Une performance remarquable, des scénarii réalistes et aventureux, c’est une série immanquable.
Je vous laisse avec les génériques de ces deux fabuleuses séries qui me laissent rêveuses par leur beauté visuelle tant que sonore.