Sexe et pilule

A ceux qui ont cliqué pour le mot sexe, je vous souhaite la bienvenue.
A ceux qui ont cliqué pour le mot pilule, je vous souhaite la bienvenue.
A ceux qui ont cliqué pour les mots sexe et pilule associés, je vous souhaite la bienvenue.
A ceux qui ont cliqué parce qu’ils se demandent ce que je peux bien avoir envie de dire ici, je vous souhaite la bienvenue.

J’espère que vous avez une citronnade ou un thé glacé, que vous êtes bien installés, car j’ai cette histoire que je veux vous raconter.

Il y a quelques mois, nous avons été confinés. Non, ce n’est pas comme ça que ça a commencé. Il y a 3 ans, j’ai pris du poids. C’était long, c’était difficile, c’était fatiguant. J’avais pris 18 kilos. Un dérèglement hormonal. Alors il y a 3 ans, j’ai choisi d’arrêter la pilule, et que ma gynécologue me pose un stérilet en cuivre. Au bout d’un an, rien n’allait mieux, c’était même pire. Une sage femme et un nouveau gynécologue plus tard, décision est prise de me remettre sous pilule, mais une autre. Pas celle qui a provoqué le dérèglement. Etre sous stérilet n’a rien changé, les ovaires ont continué de dysfonctionner, il leur faut une pause. Alors je prends mon petit cachet tous les soirs. Petit à petit je vois mon corps changer. Ma taille s’affiner. Les douleurs envolées. Les ovaires reposés.
Et puis ce confinement. Voilà, là c’est le bon moment. Parce que pendant le confinement je regarde une mini série, dont je vous parle
ici. Un épisode est consacré à la contraception et pendant 20 minutes, je suis confrontée à mon quotidien. Migraines, chute massive de libido, et j’en passe.


Saviez-vous que l’asthénie existe pour les femmes?

Je l’ai découvert il y a quelques mois. Ma libido se mettait en pause, prix à payer pour que mes ovaires le soient aussi. Mais de très longues pauses. Des pauses pendant lesquelles mon cerveau s’emballait tout seul quand mon appareil génital était en hibernation complète. Vous savez le mode « caché sous la couette me parlez plus jamais d’amour, je reste ici avec mon pot de glace » ? Ça c’était en dessous du nombril. En haut du nombril, c’était normal. Où presque. Parce que forcément je culpabilisais et je me mettais une grosse pression. Quand j’ai découvert ce mot, asthénie, j’ai essayé beaucoup de choses. Le yoga et l’ouverture des chakras, la lithothérapie, l’aromathérapie, les huiles essentielles en massages… Ça marchait, plus ou moins, et surtout par phases. La panne sexuelle dont on parle tant pour les hommes, je la vivais, pénis en moins. Et bien trouver des informations à ce sujet quand on n’a pas de pénis, croyez-moi c’est un parcours du combattant !

Alors, pendant ce confinement, avec mon mari on a eu une grosse discussion. Vous savez, LA discussion. Certains seront étonnés, car je parle beaucoup d’enfants. C’est un de mes centres d’intérêts depuis longtemps et je me suis toujours vu maman. D’ailleurs depuis que nous sommes mariés, mon utérus et mes projets à son sujet semblent concerner beaucoup de monde (coucou l’approche de la trentaine et l’obsession sociale de rendre la femme utile).

Et c’était bien là le problème.

Si nous voulons des enfants, nous n’en voulons pas immédiatement. Cependant soyons lucides, arrêter la pilule sans autre contraception, une grossesse est à envisager. Donc nous avons parlé. De cet enfant, que nous projetions plutôt pour dans un an ou deux. Que se passerait-il s’il arrivait? Est-ce que nous sommes prêts? La question à mille écus.
La réponse est oui. Oui nous sommes prêts, oui nous pouvons avoir un enfant, et oui nous en serions heureux. Mais on préfère attendre.
Généralement, quand on explique ça à nos proches, on observe alors un petit temps mort suivi de

 » Mais du coup, vous essayez ou pas? »

Alors, oui, et non. Oui dans la mesure où l’on ne se protège pas et on ne fait pas attention au calendrier, donc ça peut arriver en période d’ovulation. Non, dans la mesure où si ça n’arrive pas, cela nous convient, nous ne sommes pas dans l’attente d’une grossesse.

Donc nous sommes tombés d’accord. J’ai arrêté de prendre mon petit cachet tous les soirs. Et ça en changé des choses…

  1. Régularité
    Dans un premier temps, mes règles sont redevenues régulières. Aussi étranges que cela puisse paraître, mes règles n’étaient pas très ponctuelles sous pilule. Depuis l’arrêt, je suis un coucou. 29 jours, pas un de plus, pas un de moins. 3 jours de saignements, pas un de plus, pas un de moins. Je retrouve le cycle de mes 17 ans. C’est d’ailleurs la seule chose que je retrouve de cette époque parce que contrairement à d’autres …
  2. Les kilos
    … j’ai pris du poids. C’est incompréhensible, mais c’est comme ça. J’avais repris le sport pendant le confinement, et je n’étais pas pas peu fière de ne pas avoir pris un gramme les deux premiers mois. Mais alors que j’entame mon deuxième cycle naturel, la balance s’affole et affiche 2.5kg supplémentaire. A cela, mon ostéopathe m’a donné une règle d’or « Ne jamais se peser pendant les règles » Coup de mou assuré. C’est bien simple, je prends un kilo pendant mes règles, qui s’en va avec les saignements. Je pense faire un drainage lymphatique à la rentrée pour m’aider de ce côté là, généralement ce kilo est accompagné de ses amis ballonnements et jambes lourdes. Autant vous dire que je surveille beaucoup cette prise de poids, car j’ai peur que le déséquilibre hormonal revienne.
  3. Le SPM
    Lui aussi a changé. Avec l’arrêt de la pilule, les migraines se sont envolées, à tel point que j’avais oublié que le SPM existait. Jusqu’au mois dernier. Acné, ballonnements, nausées, petit appétit et grande fatigue. Comme je suis d’une patience angélique, je n’ai pas attendu l’arrivée de mes règles pour filer au laboratoire faire un test de grossesse, même si je soupçonnais alors plutôt une anémie. Le verdict tombe, c’est négatif. Mais toujours ces foutues nausées. C’est une copine Instagram, merci la magie des réseaux sociaux, qui me mettra la puce à l’oreille en me disant « Oh pas de chance (pour le kilo de règle) , moi avant mes règles je perds du poids. Je ne peux rien avaler j’ai la nausée comme pas permis. » Et mon ostéopathe de confirmer, « Oui, des nausées en SPM c’est assez courant ». Mais pourquoi est-ce qu’on ne m’en avait jamais parlé ?
  4. Quid de la libido ?
    Ah… je l’attendais, elle est revenue. Quel bonheur de se reconnecter à son corps, à ses envies et à ses besoins. J’ai la sensation que mon corps fonctionne à nouveau complètement, comme si toute la machinerie avait été relancée à zéro et que chaque éléments travaillaient de concert. Depuis j’en parle. A ma mère, à mes sœurs, à mes amies. et à vous, ici. Parce que cela peut arriver à n’importe qui et qu’il faut en parler, il faut dire que les femmes aussi sont touchées. Ce n’est pas une honte, ça n’a pas à l’être. Sinon comment savoir, quand cela vous arrive, qu’il y a des solutions, que l’on n’est pas seule et que l’on n’a pas à culpabiliser?

Vous l’aurez compris, pas de nouvelle contraception donc. Ces deux questions qui reviennent souvent « Mais alors, vous voulez des enfants? Si vous ne voulez pas d’enfants tout de suite, tu prends quoi à la place? » J’ai envie d’y répondre longuement. Parce que je sais que beaucoup de gens posent des questions sans se rendre compte de ce que cela raconte derrière.

 » Vouloir avoir des enfants, pouvoir des enfants. « 

On ne le dira jamais assez, mais vous ne savez pas à qui vous posez cette question. Vous ne savez pas ce qui se joue dans l’intimité du foyer. Un couple n’a pas pour vocation de faire des enfants. Un couple se forme autour de deux individus. Les projets qu’ils veulent ensuite mener ensemble ne concernent qu’eux. Depuis un an de mariage, mon mari et moi avons souvent entendu cette question. Moi plus que lui, c’est un fait. Souvent on répond en rigolant, que ce n’est pas un projet immédiat, que ca viendra en son temps et voilà. Mais parfois on s’énerve. Lors de nos premiers mois de mariage, on me posait la question plusieurs fois par semaine, si bien qu’un jour j’ai craqué et ai demandé « Mais qui te dit qu’on peut en avoir? » Ca laisse un froid. Mais cette fois-là je n’en pouvais plus. Nous nous sommes mariés pour le plaisir de passer cette journée avec nos amis et nos proches, et non pour avoir une permission de fonder une famille. Nous sommes déjà une famille l’un pour l’autre.
Par ailleurs, cela me renvoi à cette époque où le sexe avant le mariage était mal vu, voir proscrit, car le sexe était présenté comme l’instrument qui dessert la pérennité de l’espèce humaine, le contrôle des naissance n’étant même pas une option. Hors, vous vous doutez qu’après 10 ans de relations ma robe de mariée aurait tout aussi bien pu être rouge, rose ou bleue, de même que si nous avions voulu un enfant, nous aurions pu en avoir un.
A la question « Vous voulez des enfants? » je répondrai donc que le mariage n’a rien à vous là dedans.


 » Oui, mais là tu arrêtes la pilule. « 

Effectivement, et je comprends que mon discours crée une confusion. De nos jours, le contrôle des naissances se fait par pilule dans la plupart des couples. La pilule a une place si bien installée dans notre société qu’elle est peut remise en question. Et pourtant… La pilule en fait des dégâts. La remettre en question ce n’est pas l’arrêter pour tomber enceinte. C’est simplement un choix, celui de s’émanciper, de questionner et de trouver la solution qui me convient le mieux.

 » Si vous ne voulez pas d’enfants tout de suite, tu prends quoi à la place ? « 

Pourquoi cette responsabilité devrait-elle m’incomber? Lorsque j’ai eu envie d’arrêter, j’ai laissé la possibilité à mon mari d’assumer sa part de responsabilité. Il a accès à mon cycle via une application. Il peut mettre des préservatifs. Il peut proposer une autre solution qui ne me fasse pas prendre d’hormones. Ou alors, il peut ne rien faire de tout ça et si nous devenons parents nous en serons heureux, ensemble. C’est avant tout un choix que l’on fait à deux, et dont on partage équitablement la responsabilité.


L’arrêt de la pilule chez les autres.

Chose promise, chose due, voici les réponses aux questions que vous m’avez posé par Instagram, mais qui ne me concernait pas.

1 – Quid la perte de poids?
Il est fréquent de perdre un peu de poids en arrêtant la pilule. La pilule peut provoquer un peu de rétention d’eau, qui s’en va à son arrêt. On peut avoir alors la sensation de « dégonfler » légèrement. A celles qui arrêtent pour devenir maman ou qui sont devenues maman, vous pouvez faire un drainage lymphatique pour vous accompagner sur la rétention d’eau qui accompagne souvent une grossesse (ou comme dans mon cas, un dérèglement hormonal).

2 – Les règles changent ?
Oui, c’est normal. Vous passez d’un saignement de privation (car vous privez votre corps des hormones que vous lui donnez 3 semaines par mois) à un saignement qui fait partie d’un cycle hormonal. Vous observerez une modification de flux, de couleurs, de textures ou de durée. Parfois tout ça à la fois. Chaque femme est différente, et il faut un petit d’adaptation pour prendre ses repères face la machine du corps.

3 – Et le SPM sans pilule, c’est comment?
Personnellement, des nausées, de la rétention d’eau et les seins sensibles les 10 jours qui précédent, et du mal à manger avec des envies assez ciblées. Vous pouvez également ressentir des variations dans votre humeur. C’est normal, vos hormones fluctuent et cela impacte votre fonctionnement. Et si lorsque vous êtes un peu énervée à cause de votre SPM quelqu’un se permet une remarque, n’hésitez pas à lui dire que si il (il s’agit souvent d’hommes mal informés) devait vivre tout ce que vous vivez présentement, tous les mois, sans avoir de pouvoir de décision, lui aussi serait passablement énervé que son corps subissent tant de changements en si peu de temps.

4 – J’arrête la pilule vais-je tomber enceinte immédiatement?
Il faut savoir que cette question, même votre médecin ne peut pas y répondre avec certitude. Voilà pourquoi si vous choisissez d’arrêter la pilule parce que cela ne vous convient plus, mais que vous êtes en couple, faites un point avec votre partenaire, c’est vraiment important. Votre cycle peut redémarrer immédiatement, comme prendre son temps. Il peut également redémarrer rapidement mais cela ne signifie pas que vous allez tomber enceinte aussitôt. En France, la durée moyenne d’un couple qui essaie d’avoir un enfant se situe entre 8 et 12 mois, avant une réussite.

5 – J’ai peur pour l’acné.
Comme je te comprends… Je dois avouer que la pilule me donnait de l’acné dans le dos et le décolleté. C’était très agaçant et cela m’embarrassait. J’espérais que cela disparaitrai en arrêtant la pilule mais j’ai dû faire face à une ironie. Mon décolleté et mon dos retrouvent leur équilibre, en revanche c’est sur mon visage que l’acné s’est montrée insistante ces derniers mois. Je reste patiente car il faut plusieurs mois pour que cela s’équilibre et que je sache réellement à quoi j’ai affaire en terme d’amplitude. Mais à nouveau, il s’agit là de mon vécu. S’il n’est pas rare, ce n’est pas automatique et beaucoup de femmes arrêtent la pilule sans pour autant avoir d’acné qui refasse surface.

6 – La peur des douleurs
C’est la question qui m’a le plus été posée. Est ce que ça fait mal? Et là encore, désolée mais il n’y a pas de réponse universelle. Pour être honnête je touche du bois régulièrement, car depuis l’arrêt, mes règles sont courtes et quasi indolores. Je me dis que j’ai surement rempli ma quotte part de douleur lorsque j’avais dérèglement, avec des douleurs à partie de l’ovulation jusqu’à la fin du cycle, et des cycles de plus de 35 jours. Comme dirait un grand philosophe, la rouetourne a tournée. Blague mise à part, rien n’est immuable. Je souffrais de règles douloureuses étant adolescente, et malgré la pilule cela m’est resté longtemps. Je devais prendre de l’Antadys et je vous souhaite de ne jamais avoir à en prendre car c’est très fort. Alors je comprends cette peur des douleurs, mais vous ne pouvez pas savoir tant que vous n’avez pas testé. Par ailleurs, sachez qu’une douleur trop forte, n’est pas normale. Les médecins qui vous diront « c’est normal ça fait mal » feront le choix de ne pas vous écouter. La première question à poser est  » ça fait mal comment, à quel point? » Si votre soignant ne vous pose pas ces questions, alors partez. Bien entendu, les règles ça tire, c’est inconfortable et on est plus à l’aise au fond du lit avec une bouillote, mais si vous n’arrivez pas à faire des choses simples, si vous avez mal quand vous marchez, si votre dos est comme brisé, alors il faut consulter.

Voilà, j’espère que cet article vous apportera. Si vous avez d’autres questions je me ferais un plaisir de le modifier pour y rajouter les réponses que je trouverai. Merci de m’avoir lu, des bises mais de loin et surtout, prenez soin de vous.

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