Let’s talk about *mental* health baby

Cet article, je le pense depuis quelques mois maintenant, mais très honnêtement, je ne me sentais pas légitime de l’écrire. De la même manière que je ne me sentais pas légitime, en début de grossesse, pour parler de santé mentale.
C’est un sujet délicat, qui a une place très importante dans ma vie depuis longtemps, bien avant mon diagnostic. La santé mentale fait partie des discussions que je pouvais avoir avec ma famille, car autour de nous, nous avions plusieurs personnes qu’à l’époque il était de bon ton de qualifier de « fragile », puisque le terme « dépression » faisait peur. En grandissant, j’ai vu la société évoluer à ce sujet, je me suis sentie plus libre d’en parler. De dire sans culpabiliser, sans porter un poids qui n’était pas le mien, que oui, je connaissais la dépression, mon père est dépressif-alcoolique.
J’ai vu les réactions des gens changer. Passer de « Ah mais ça ne te dérange pas d’en parler? » avec tortillement des doigts, pour glisser vers un « C’est cool que tu en parles librement. » avant d’arriver ces dernières années à des questions franches sur ce que cela implique.
Les questions ne sont jamais malaisantes. Tout au plus les personnes sont mal à l’aise de les poser, car pour eux le sujet est encore tabou, sensible, chuchoté derrière une porte.
J’aime le fait de pouvoir répondre, un peu, à leurs questionnements. Loin d’être une spécialiste en santé mentale, comme beaucoup « d’enfant de … » mon vécu permet de début de pistes de réflexion pour d’autres. Puis il y a mon cerveau en zig-zag, nouveau chapitre de vie si l’on peut dire, où le terme de santé mentale prenait un autre aspect.

Mais les différents termes abordés ci-dessus, concerne des pathologies, des fonctionnements, donc des états chroniques ou permanents à relativement long terme. Avec la grossesse, j’ai découvert que malgré toute ma volonté de préparation, la santé mentale pouvait aussi avoir des modifications très ponctuelles, ce qui ne les rend pas moins envahissantes.
Je me pensais si préparée. J’avais anticipé les angoisses, le stress organisationnel, les repères qui allaient changer, etc. J’avais tout un argumentaire pour moi-même, prêt à être dégainé lorsque je sentirai les émotions devenir trop incontrôlables. Tout le travail que j’avais fait, que je continuais de faire, je ne voulais surtout pas le perdre. Les crises qui se raréfiaient, l’apaisement de plus en plus régulier, comment envisager de devoir tout retravailler ?
Et puis, cette arrogance de l’ignorance comme je l’appelle. Persuadée que mon désir d’enfant ferait de moi une licorne épanouie de la grossesse. Que tout ce que j’avais pu entendre sur ces femmes qui n’aimaient pas être enceintes, ça ne me concernerait pas.

Or, la vie a un sens de l’humour bien fait, à peine la grossesse découverte, j’ai glissé dans un trou noir. Aller à l’école, faire classe, sourire aux parents, aux élèves, aux collègues, enchainer les small talks jours après jours, autant de tâches que je fais au quotidien, moyennant une fatigue certaine, mais encore gérable.
Et puis le néant. Plus aucune réserve. Bien sur il y’avait une fatigue physique, courante au premier trimestre, et pendant deux mois je me suis accrochée à cet espoir que tout disparaitrait avec le début du quatrième mois. Pendant plus de 5 mois, je n’ai pas pu me regarder dans le miroir.

J’ai vécu cette grossesse en deux parties et non trois trimestres.

Dès le début, j’ai eu conscience de ne plus m’appartenir, et au delà de ce sentiment, de ne plus être moi. Une crise identitaire extrêmement violente, qui en réalité est encore active aujourd’hui, mais que j’apprends à gérer.
Je pouvais dans la même journée être très heureuse de cette grossesse, puis envisager un IVG sans sourciller. Les premiers mois, j’avais peur de moi-même, en passant devant les hôpitaux et centres médicaux. Peur d’aller faire cet IVG sur un coup de tête. Pour aller voir la sage-femme, je passais devant la maternité.
Et à chaque fois cette culpabilité monstrueuse, envahissante. Que dirait François si je rentrais le ventre vide? Je n’avais pas le droit. Ce sentiment que mon corps ne m’appartenait pas.
Puis, quelques heures plus tard, je ne pensais plus du tout à cela, m’en voulait de l’avoir pensé et avait peur de ce qui pourrait se passer. « Si je fais une fausse-couche, ce sera de ma faute, j’ai des pensées horribles » me disais-je.
Alors, me direz-vous, peu étonnant que ces mois se soient écoulés si lentement, que la fatigue ait été si grande qu’elle ait provoqué des contractions, un arrêt et… Et comment on sort de ça? Comment on fait pour vivre avec ces pensées sombres tout en s’excusant auprès de son ventre?

Voilà, c’est ici que mon histoire avec la santé mentale m’a été salvatrice. S’il est une chose que j’ai refusé, c’est de rester passive. Cela ne signifie pas que ce soit évident, et il faut entendre quelqu’un qui vous dit qu’il n’en est pas capable, car c’est tout simplement vrai. Il faut entendre que mon histoire me donne comme moteur de ne pas répéter des schémas qui ont fortement marqué mon enfance, et donc ma construction d’adulte. Il faut entendre qu’à cela s’ajoute le soutien de mon mari, de mes proches et un suivi déjà en place.

En somme, mes outils étaient actifs, il me « suffisaient » de les ajuster.

Mes outils, et autres idées pour trouver de l’aide.

J’essaie de donner un titre à cette seconde partie d’article mais en réalité il ne s’agit pas tant d’aide à trouver, qu’un chemin à emprunter, dans un premier temps. Je passerai assez vite sur un des chemins les plus évidents en occident, à savoir la psychologie et la psychanalyse. Une thérapie liée à l’enfance, qui peut d’ailleurs se dérouler en famille, permettra de dénouer des liens de tension, des peurs et traumatismes enfouis, des non-dits. La grossesse, que ce soit pour celle qui porte l’enfant ou pour le co-parent, est un moment de vie ou beaucoup de choses se jouent. C’est une évolution de notre cellule familiale, elle nous ramène à notre propre enfance, à nos parents, à nos désirs et nos angoisses.
Encore aujourd’hui, je rencontre des personnes qui ne veulent pas aborder un cabinet de psychologie car « ils ne sont pas fous ». Cela tombe bien, tous les patients de psychologue ne sont pas fous non plus, souvent loin de là.
Mais si cela ne vous convient pas, alors n’y allez pas. C’est un avis tout à fait personnel, mais je trouve dommage d’aller voir un professionnel à reculons, d’autant plus que l’on doit pouvoir lui raconter des choses personnels et lui accorder sa confiance. Il y a d’autres alternatives qui sont à mon sens tout aussi intéressantes.

Alternatives médicales

La kinésiologie, qui permet de trouver le moment où le corps a assimilé une émotion liée à un événement traumatique, en partant d’un réflex musculaire.
L’hypnose, qui permet d’identifier un traumatisme enfoui, de revoir une émotions mal digérée en la transformant en positif que l’on s’approprie.
La sophrologie qui cherche à réparer les émotions mal vécues grâce à la respiration.
L’haptonomie. On en entend souvent parler pour la première fois pour les cours de préparation à la naissance. Mais en réalité, il existe différents corps médicaux formés à l’haptonomie, notamment des médecins généralistes et des psychologues. Cette approche affective s’intéresse au développement et à l’existence d’une personne à travers ses émotions, sentiments, affects et sensations.
L‘acupuncture qui utilisent les flux d’énergie qui traversent le corps. Issue de la médecine chinoise elle a mis en évidence l’importance de l’impact des émotions difficiles sur nos organes.
La médecine chinoise, qui existe depuis plus de 2500 ans. En médecine chinoise les émotions douloureuses ont une importance reconnue dans l’émergence des maladies.
Pensez également aux massages, cela peut sembler superficiel, mais si cela peut vous enlever ne serait-ce qu’un peu de tensions, c’est toujours ça de pris!

Quid des plantes?

Si en temps normal un petit tour au rayon des fleurs de Bach peut apporter beaucoup, en cas de grossesse, c’est compliqué car il existe beaucoup de contre-indications. La plupart du temps, certaines plantes sont déconseillées car aucune n’est faite. Par exemple, des anxiolytiques de fond (sur prescription médicale, ils sont légers et n’entraine pas d’addiction) non contre-indiqués pendant une grossesse existent. En revanche, il n’y a toujours aucun avis clair sur l’utilisation du CBD, même en dosage faible pendant une grossesse. Problématique des anxiolytiques? Les effets secondaires, avec dans les plus courants les troubles du sommeil…
Un.e aromathérapeute peut vous conseiller selon votre situation, car l’utilisation de certaines plantes évoluent avec l’avancée de la grossesse

Et chez moi?

N’oublions pas, c’est essentiel, tout ce qui nous fait du bien. Rester actif est souvent d’une grande aide.
Vous êtes sociable? Pourquoi ne pas tenter un groupe de parole? Rien ne vous obliger à étaler votre vie si c’est ce qui vous effraie, mais écouter les problématiques des autres, voir de nouveaux visages, peut vous faire du bien. Et qui sait, peut-être que l’un.e des participant.e.s aura un vécu similaire au votre et que vous pourrez vous épauler .

Le journaling vous tente ? Pourquoi ne pas vous y mettre ? Ecrire un peu chaque jour peut aider à y voir plus clair. Et si vous bloquez sur l’idée de passer certains sentiments sur le papier, un journal audio est tout à fait possible. L’outil « note vocale » de votre téléphone permet même de faire des mises à jours très facilement et régulièrement pour les jours difficiles.

Si vous êtes enceinte, le sport n’est pas contre-indiqué. C’est important de le rappeler car pour certaines personnes cela agit de façon spectaculaire sur leur santé mentale. Renseignez-vous simplement sur les sports adaptés à votre stade de grossesse et veillez sur votre périnée comme sur votre enfant. Plus vous le bichonnez, plus vous vous bichonnez. Se faire pipi dessus, c’est aussi mauvais pour le moral…

Et enfin, sublimez.
Dans mes outils, ceux que je développe depuis que je suis en suivi, la sublimation est un de mes préférés. Sublimer ses peurs, ses frustrations, ses angoisses, c’est mon exutoire de prédilection.
Le conflit, intérieur ou avec autrui, n’est pas résolu pour autant, que ce soit clair. Mais cela me permet de trouver un état d’apaisement. Une fois que je suis apaisée, c’est bien plus simple de réfléchir à comment résoudre mon conflit, mon problème, etc.
Dans mon cas précis, la sublimation a cela de magique qu’elle me permet de m’adonner sans culpabiliser à mes centres d’intérêts. J’ai ainsi débuté le crochet pour confectionner une marchande de légumes pour le bébé. Je tricote depuis longtemps et en plus des vêtements que j’ai préparé, j’avais très envie depuis quelques années de me lancer dans le crochet, même si la nouveauté me faisait appréhender cette activité. J’ai beaucoup cousu et peint. Murs, meubles, petits cadres, tout était bon pour occuper mes mains, vider mon esprit et ne plus penser à moi.

Aujourd’hui, je suis plus en paix, et je recommence à « me poser ». L’approche de la fin de la grossesse me donne envie de réfléchir à ces mois vécus dans le brouillard. Je me suis acheté un livre « pour moi », chez mon libraire préféré. Je n’avais pas fait cela depuis le début de la grossesse. Je n’ai pas lu autre chose que des livres de parentalité depuis des mois.
J’ai eu besoin de cette frénésie pour canaliser mes angoisses. Maintenant que je commence à les percevoir plus nettement, je commence à les apprivoiser tout en m’autorisant à « être moi ». Moi, étant une référence qui change avec le temps, et donc j’utiliser celle que je connais le mieux, la version la plus récente, celle d’avant grossesse.

Alors créez. Peignez, jouez de la musique, faites de la cuisine, tricotez, cousez, lisez, lancez vous un challenge. Ce sera peut-être imparfait et bancal, mais si cela peut vous aider à surmonter un moment difficile, alors il faut le faire.



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