Ce genre de titre un peu catchy et sans ambages, on peut se dire entre nous que ce n’est pas ce à quoi je vous habitue. Mais à la rédaction de cet article, je ne savais pas comment mieux résumer les mots qui suivent. Je vous emmène dans ce moment incroyable, ces heures suspendues que j’ai gravées dans ma mémoire.
Je vous ai quitté lors de mon 3ème trimestre, que j’ai rédigé sous forme de journal hebdomadaire. Ariel a choisi le 18 octobre, la date de notre anniversaire de couple, pour pointer le bout de son nez. Il rend cette date encore plus magique après 12 ans d’histoire à 2. Après les hauts rares mais doux, et les bas trop fréquents et très profonds de cette grossesse, nous avons eu un accouchement si beau, je l’ai adoré.
C’est une joie immense de pouvoir dire que j’ai adoré accoucher. Ce point final à la grossesse, cette majuscule au début de notre nouvelle aventure, je voulais que ce soit beau.
Je voulais de l’or fin sur mon manuscrit, pouvoir à la fois terminer par « ils vécurent heureux » et en même temps commencer par une enluminure belle à couper le souffle.
C’était mon seul impératif, le seul point auquel je ne voulais pas déroger sur mon projet de naissance. Passer un beau moment.
Je me suis énormément préparée, bien sur. Vous commencez à me connaitre et l’imprévu ce n’est vraiment, mais alors vraiment pas mon truc. Cet accouchement l’a d’ailleurs prouvé je vous en parle plus bas.
Grâce à l’équipe de la maternité de Nanterre, tout à été possible. Ils sont merveilleux de bienveillance et de respect, et c’est d’ailleurs sur cette réputation que je les avais choisi avant même d’être enceinte. Aujourd’hui ils ont tellement de succès qu’ils ne prennent plus de patientes en dehors de Nanterre pour les accouchements ( à moins que l’on arrive avec les urgences j’imagine), nous avons fait parti des derniers couples inscrits à l’avance vivant en dehors de Nanterre. Lorsque nous avons quitté la maternité, j’ai regardé ces lieux en mesurant toute la chance que nous avions eu.
Mais, comme le disent si bien les films des 90’s, reprenons tout depuis le début.
Impatience (mesurée)
A partir du moment où l’on m’a dit qu’au début du 9ème mois la grossesse était considérée comme « à terme », je n’avais qu’une chose en tête: découvrir mon bébé vite et en finir avec la grossesse. Comme je l’ai su tôt, j’avais également très peur d’avoir un bébé prématuré et que ce soit de ma faute avec mes pensées idiotes. Les joies de la grossesse …
Dès que le début du 9ème mois a été passé, j’ai donc soufflé et commencé à m’activer sérieusement, toute culpabilité enfuit avec l’été.
Cinq jours avant l’accouchement, c’est le dernier rendez-vous avec la sage-femme, celle de l’hôpital. Col fermé, légèrement raccourci mais rien de significatif. Moi qui espérait un peu être dilatée à 4 sans m’en être rendue compte et devoir rester pour accoucher… Je fais la moue mais bon, je m’en doutais. Oui, dans mon monde à moi, je me disais qu’être dilatée à 4 sans s’en rendre compte, ma foi pourquoi pas? Je vis chez les bisounours …
Deux jours avant l’accouchement, j’ai pensé avoir une gastro, je me suis mise au régime riz/banane. Mais comme je faisais du diabète gestationnel, ce n’était qu’un régime riz pour moi, merci.
La veille de l’accouchement, je me suis « légèrement » énervée sur mon ballon. Je dis légèrement mais je me suis quand même couchée avec quelques courbatures dans le périnée à force de sautiller comme une frénétique.
J’ai eu beaucoup de chance, la nuit je dormais très bien jusqu’à la fin. Un réveil par nuit mais même pas toutes les nuits, donc j’étais plutôt reposée.
Le 18, à 1h du matin, je me réveille avec l’envie d’aller aux toilettes. En revenant je suis prise de douleurs de règles. Comme ce n’est pas de circonstances, ça m’interpelle un peu. Et au passage je me dis que vraiment, ça ne m’avait pas manqué…
J’observe tranquillement, et au bout d’une demi heure, je réveille mon mari. Forcément, à 1h30 du matin, le mari qui doit se lever à 6h pour aller bosser me regarde bizarrement quand je lui dis « Chéri? Chéri tu dors? Ah super tu dors pas (ce qui avec le recul est assez logique quand on vient de réveiller quelqu’un.), dis je crois que j’ai des contractions. »
Comme vous pouvez le constater, je suis la reine des réveils sympathiques, puisque c’est déjà ainsi que je lui avais annoncé la grossesse.
Il se réveille et on commence à passer le temps à deux. Rapidement je lui demande une bouillotte et mon téléphone pour lancer l’appli qui chronomètre les contractions. Bouillotte qui soulage à peine et contractions régulières, ça commence à sentir la mater cette affaire. Mais les contractions ne sont pas toutes aussi intenses. On appelle donc la maternité et sur leur conseil je me lève pour prendre un Spasfon afin « d’éliminer » les contractions moins intenses et de recalculer les intervalles sur les plus fortes.
Bon. Le Spasfon le plus inutile de l’histoire. Je n’ai pas le temps de me recoucher qu’elles sont toutes de la même intensité et plus fortes qu’avant.
Le fait de me lever probablement. On enchaine avec une douche, complètement inutile, avant de se décider à appeler pour avoir une ambulance.
Parenthèse absurde. Nous vivons à 10 minutes de voiture de la maternité de Nanterre. Cependant notre département n’est pas le même que celui de Nanterre. Donc notre maternité de secteur se situe à 30 minutes de voiture. Comme nous ne sommes pas véhiculés, nous avons tout fait au plus prêts afin de gérer en transports. Nous savions que nous aurions peut-être besoin d’aller à la maternité en pleine nuit. Sans bus ni tram donc. Et nous étions prêts à payer le taxi spécialisé ou l’ambulance.
Je vous passe les détails du chéri qui s’énerve pendant que je gère les contractions espacées de 3 min, mais ce sont les pompiers qui sont venus car aucune ambulance n’a apparemment accepté de venir nous prendre pour nous emmener au plus prêt, même si c’était hors secteur.
Heureusement pour nous, les pompiers ont eu l’accord de nous emmener à Nanterre. Ils plaisantent sur le chemin en chronométrant mes contractions. « Oh 10 jours avant terme, ça sent la visite gratuite ça madame! ».
Entre deux expirations je réponds « Ah ah. Oui c’est possible! » Et dans ma tête je me dis « Oh non pitié pas ça… Pas le coup du J’ai-envie-de-sortir-mais-pas-encore-tout-à-fait. En plus je vais rentrer comment là ? Avec mes contractions et sans transports, les taxis vont m’envoyer bouler… »
On arrive, il est un peu plus de 5h et ça continue de s’intensifier. Amélie, la sage-femme qui nous accueille, m’examine et Oh joie! Oh bonheur! On reste! Dilatation à 2 bingo! Elle me propose 30 minutes de monitoring et puis un bain avec des huiles essentielles. C’est tentant, et d’un coup les contractions paraissent plus douces. On oublie l’haptonomie, je me mets à chanter sans m’y être préparée. C’est dingue ce que d’instinct le corps sait faire.
A 6h, rentrer dans la baignoire me fait l’effet d’entrer dans une bulle. C’est doux, c’est chaud, ça sent bon.
Ca ne dure pas longtemps. Elle m’a expliqué que les contractions vont s’espacer et durer plus longtemps. Elles sont effectivement plus longues, mais tout aussi rapprochée.
Mon bilan écologique s’alourdit. La baignoire est remplie et en plus François dirige de l’eau chaude directement sur mes reins pour soulager les contractions. Les premiers vomissements commencent.
Vous vous souvenez de ma « peut-être gastro » ? Du régime riz? Les heures qui suivent sont très sportives. Comme elles s’allongent mais ne s’espacent pas, l’effort physique s’intensifie. J’ai de plus en plus de mal à récupérer entre deux et à caler ma respiration, et je pleure à cause des spasmes.
Peu avant 8h, avant la fin de sa garde, Amélie m’examine à nouveau et c’est le 4,5cm. Le temps que la péri soit posée je sais que je serai à 5 donc entre deux vomissements, je lance le feu vert.
Elle passe le relai à Delphine et Emeline, l’auxiliaire puéricultrice et la sage femme qui nous accompagneront.
Je sors de la baignoire, traverse le couloir. Delphine est merveilleuse de patience pendant que je massacre son avant bras. Elle chante avec moi et peu avant 9h, l’anesthésiste est là.
S’ensuit alors un des épisodes les plus drôles de ma vie.
Accouchement sans douleur
Assise sur la table d’examen, j’ai la sensation que tout mon corps va sortir par le bas. J’ai la sensation que ca pousse, mais en réalité ce sont les contractions qui sont rapprochées et me donnent cette impression.
François est sorti, il a une peur des aiguilles. L’anesthésiste essaie de me poser la péridurale. « Faites le dos rond madame, faites le dos rond! » Et moi, qui ait la sensation de ne pas réussir à bouger quoique ce soit, je lui réponds « J’arrive, j’arrive! » tout en continuant de massacrer le bras de Delphine et de chanter sur les contractions.
Finalement, je n’ai pas la sensation d’avoir changé de position mais il me demande de ne plus bouger et c’est encore plus dur que de faire le dos rond. Je sens le cathéter arriver et déjà c’est fini. Moins de 5 minutes après, la douleur disparait côté droit. 10 minutes plus tard c’est au tour du côté gauche.
Plus de douleur, mais la sensation des contractions, la magie de la péridurale. Et surtout, je respire. Je peux enfin, depuis plusieurs heures, remplir mes poumons d’air. Moi qui ne suis pas sportive pour deux sous, je viens de me faire un marathon sans aucune préparation, et le bébé n’est même pas là.
Je m’allonge, pour la première fois je remarque les détails de la chambre. Emeline nous quitte, elle a une césarienne bientôt. Delphine reste avec nous un peu pour observer le monitoring. Avec elle on a discuté culture, podcast, littérature… Allongée sur le lit, je sens le col s’ouvrir.
Intimité
J’avais peur que la péridurale ralentisse l’ouverture du col. Je savais que c’était une réaction possible. Mais au final les 5 derniers centimètres se sont ouverts en 4h. 4 heures à se regarder, à réaliser. On n’entend pas un bruit et pourtant on apprendra plus tard que c’était une journée chargée et qu’ils étaient débordés. On est dans une bulle, seuls au monde avec pour compagnie l’équipe médicale, le bruit du monitoring et la vision des battements de son cœur.
Personne n’est au courant. Nos familles, amis, n’apprendront la nouvelle qu’après la naissance. Ce moment est à nous. Pour nous. Pour réaliser qu’il arrive, le jour de notre anniversaire.
Vers 13h, l’examen montre un col totalement ouvert donc. Emeline me propose de percer la poche et de se laisser 3,4,5h pour laisser bébé descendre, car il est encore lové sous mon cœur.
J’accepte. Elle m’explique donc qu’avant de percer, elle va me poser une paille pour vider la vessie.
Ce qui n’était pas prévu
Vous le voyez déjà peut-être un peu, mais jusque là même si mon accouchement ne ressemble pas à ce que je visualisais, tout se passe bien et je suis plutôt calme. Par la suite encore il y aura des choses différentes de mes souhaits. Mais je m’étais préparé à tout. Chaque histoire que j’entendais, je me préparais à cette éventualité pour ne pas risquer la crise à la maternité.
D’une part parce que j’ai très honte de mes crises. D’autre part parce que j’avais conscience que si la vie de mon bébé était en danger, le corps médical aurait déjà bien assez à gérer avec lui et moi dans un état « normal ».
Donc je m’étais préparé à « à peu près » tout.
Mais pas à la paille. Personne ne m’avait parlé de la paille. Sorte de petit tube qu’elle pose à l’entrée du canal et qui permet l’évacuation des urines. Je sais que je n’aurais pas mal.
Mais malgré tout, je pars en crise. Pleurs, hoquet, refus qu’on me touche… Bien sur, l’autisme était mentionné sur mon projet, c’était même la première ligne. Voyant qu’elle n’arrive pas à me rassurer, et pour cause je ne suis pas inquiète, elle me laisse un temps pour m’apaiser avec François.
A deux on y arrive mieux. La fatigue joue aussi. Et puis la honte de craquer alors que l’équipe doit gérer d’autres parents, d’autres bébés. Mais cette situation non prévue. Ce petit détail, qui fait basculer des années de préparations.
Lorsqu’elle revient, je suis plus calme, il faut avancer n’est ce pas? Et parce qu’elle nous a parlé de plusieurs heures, François part chercher un thé glacé que je fasse le plein de sucres.
La paille est posée, j’entends le bruit de l’eau qui coule. C’est étrange, j’ai hâte que cet épisode se termine. Puis vient le tour de la poche des eaux. Je ne sens rien, n’entend rien. Rien d’autre que « Ah, le liquide est teinté. »
Elle regarde le monitoring. « Je vais consulter la gynécologue. »
Elle est calme. Elle annonce comme si elle allait chercher un croissant. Et moi je ne m’inquiète pas. D’accord le liquide est teinté. Je m’y suis préparé à ça aussi. Ca va aller.
Docteur Bui entre, elles échangent sur le monitoring, le liquide teinté. Et moi je suis fière de voir ses battements de cœur, j’ai envie de les encadrer.
« Bon madame, le bébé est haut, le cœur irrégulier et le liquide teinté. On va peut-être devoir partir en césarienne d’urgence. »
Delphine est là « Mais d’abord Chloé, on va pousser, on va essayer de l’aider à sortir ce bébé. »
D’accord. Césarienne d’urgence, pousser… Deux choses que je ne voulais pas faire. Mais j’y suis préparée. Je savais que ça pouvait arriver.
Emeline me regarde. Oui, je sais, c’est idiot n’est ce pas? La paille me provoque une crise. La césarienne ne me fait pas ciller.
C’est idiot. Mais c’est ainsi. C’est ma réalité.
François revient à ce moment là. Lui qui s’attendait à me trouver tranquillement à l’attendre entre dans une pièce où je suis encadrée de 3 femmes, prête à sortir mon bébé.
« Vous allez devoir faire une épisio? »
« Ah non, ça c’est bon. »
« Ah cool, parce que je préfère la déchirure à l’épisio. »
Merveilleuse patience
Ces 3 femmes, 3 fées, ont fait une chose merveilleuse. Elles ont été patiente, elles nous ont donné du temps. A moi, pour apprendre à pousser et essayer de l’aider à descendre. A lui, pour venir au monde le plus en douceur possible. La péridurale fonctionnait un peu trop bien dans ma cuisse droite. Je controlais mon mollet et mon pied, mais pas ma cuisse, donc il a fallu poser ma jambe dans l’étrier pour que je puisse ensuite la maintenir en poussant.
Comme une enfant, je me suis amusée à m’entrainer à pousser. Lorsque Delphine m’a dit que c’était bon, la docteure Bui me demande d’arrêter de pousser tout le temps, de me réserver pour les contractions.
Elle va l’aider un peu avec les spatules, ça me parait une fraction de secondes, pour le décoincer. La péridurale, cette invention incroyable, me permet à nouveau de tout sentir sans souffrir. J’avais entendu parler de la phase de désespérance, du cercle de feu. J’avais peur que la péri me prive de ces expériences. Mais au final, non. Je m’entends encore déclarer avec sa tête dans mon bassin que je ne vais pas y arriver. Je me souviens de la sensation de sa tête, cette sensation que mon corps va s’ouvrir en deux. La sensation de devoir mourir pour qu’il vive. La raison en moi sait que c’est faux, que tout va bien, et pourtant c’est si fou de sentir un corps sortir de soi. Au final, en 4 ou 5 poussées, il est là.
Amour violet
« C’est la plus jolie couleur que j’ai vu de ma vie. » Voilà ce que j’ai pensé.
Mais j’ai déjà oublié ce que j’ai dit. Tout est dans le brouillard, je ne me rappelle que son visage, si violet et joli qui s’apaise petit à petit contre moi pour dormir sur mon sein. On nous demande sa couverture, elle est restée à la maison. On avait peur que ce soit une fausse alerte alors on a pris le nécessaire, le petit sac, pas la grosse valise. C’est pas grave, on utilise mon gilet. Sa première couverture c’est mon mohair, avec mon odeur. Il s’appaise.
J’ai conscience de Delphine qui me parle, du Dr Bui et d’Emeline qui s’affaire, mais c’est loin de moi. Je ne me souviens même pas de l’expulsion du placenta. Je reviens à la réalité lorsque je sens le fil passer pour me recoudre. Une déchirure qu’elle recoud en point de surjet, invisible de l’extérieur, sauf le dernier.
A ce moment je vois. Je vois le sang sur leurs blouses, sur la lampe au dessus de la tête du Dr Bui. la poubelle qui est remplie de papiers tachés rosés.
Vraiment? Mais c’était si doux, si incroyable, comment peut-il y avoir autant de sang?
Mais déjà Delphine termine de nettoyer, nous laisse un moment à 3.
En tout cela n’aura pris que 12h.
On regarde les téléphones, on prend les premières photos.
« Tiens, ta mère t’a envoyé un message à 14h15 pour savoir si tu allais bien. »
Heure de naissance, 14h24, ma mère a le nez fin.
14h24 et le reste de la vie
Le séjour à la maternité était tout aussi merveilleux. Nous avons été accompagné avec une vraie douceur, une bienveillance si appréciable lorsqu’on démarre cette nouvelle vie.
Je revois les heures qui s’écoulent au rythme des plateaux repas et des visites, c’était très doux.
Nous avons eu la chance d’avoir une ostéopathe qui est venue dès le matin de J2 pour examiner monsieur bébé. Les spatules n’avaient laissé que peu de traces, et aucune visible. Il dormait bien, mangeait bien même si souvent trop espacé au goût des auxiliaires. Un bébé qui faisait des siestes de 6h, cela les inquiétait. Mais son poids n’a que très peu baissé et a dépassé le poids de naissance dès J3.
J’aurais aimé ne pas laisser les auxiliaires ne pas le réveiller. Le laisser dormir autant qu’il voulait et si c’était à refaire c’est la seule chose que je ferai différemment. Il avait besoin de ce sommeil, et malgré ces grosses siestes dans ses premiers jours de vie, il a rapidement adopté le rythme classique des bébés, une tétée toutes les 2h30 à 4h maximum.
Des ces journées je retiens les moments très doux à se regarder, se renifler, se bisouter. Je n’oublie pas les douleurs de tranchées pendant les tétées, la déchirure qui m’a fait souffrir à chaque changement de position et m’empêchait de m’assoir correctement, même avec les antalgiques.
Je n’oublie rien. Ni ça ni son premier bain, la première tétée en salle de naissance, son premier regard plongé dans mes yeux, son petit poing posé sur mon sein, ses mimiques immortalisée dès le 2ème jour de vie, les premiers pas avec cet incroyable réflex de marche, les plateaux repas et la livraison des compléments pour le mari, les regarder dormir tous les deux l’un dans son berceau de plexiglas et l’autre dans ce fauteuil qui nous a permis de vivre pleinement ces journées. Je n’oublie pas non plus le fou rire en regardant ses premières selles, et puis le fou rire qui dure devant mon ventre encore bien présent et tout mou, qui bloblote de mon rire de 3h du matin. Les pleurs en appelant la sage-femme à 3h du matin parce que j’ai peur la nuit, peur de le laisser, peur qu’il lui arrive quelque chose, et que je n’ose pas dormir.
Les 3 biberons de 30 mL qu’on lui donnera la 2ème nuit, parce qu’il mord et j’ai un sein en feu, l’autre avec une ampoule. Et les pleurs à nouveau, parce que je culpabilise de ces biberons.
Les rires, parce qu’elles étaient merveilleuses ces femmes. Bilel, Amélie, Maëlys, Emeline, Sokhona, Pascalle, Delphine et probablement d’autres noms que j’ai oublié.
Parce que parfois, toute absorbée que j’étais à le regarder, j’ai oublié que dehors le monde tournait.
Bientôt je sors de cette bulle, en reprenant le chemin du travail, il s’en est passé des choses en 3 mois et demi. Le post-partum a démarré, avec son lot de doutes, d’angoisses et de joies. Tellement de joies. Je vous raconterai ça, à vous qui lisez ces mots.
Et je conclus cet article en parlant de ça, de vous et des chiffres. Il y a quelques semaines, une amie m’a demandé combien de personnes me lisaient. Je n’en savais rien, je ne regardais jamais. J’écris autant pour partager que par besoin de coucher ces mots sur le clavier.
Donc j’ai regardé et je vous ai vu. J’ai vu les chiffres que vous générez, qui ont augmenté ces derniers mois. J’ai trouvé ça étrange, j’ai trouvé ça fou. Ca parait peu peut-être, mais chaque jour, vous êtes au moins 30 à venir me lire. Chaque jour, c’est comme si 30 personnes venaient chez moi, ouvraient mon cahier pour y lire mes mots.
J’ai trouvé ça fou et beau, alors merci, ça me donne de belles émotions dans le cœur.
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