Lorsque j’ai commencé cet article, il y a plus d’un an, je l’ai appelé « Body positiv » . Je voulais vous parler de mon corps, de mon rapport à lui. A l’heure où je termine cet article, je garde certains passages, je passe par dessus d’autres.
Voyez-vous, depuis j’ai compris une chose essentielle,
Deux mots qui côte à côte m’ont évoqué beaucoup de choses ces derniers mois.
Ou ces dernières années? Mais les entendre, les comprendre, les accepter, ce fut un long travail. Et dans ce travail, j’ai dû faire une chose merveilleuse, une chose essentielle. Etre body positiv, c’est aussi accepter d’avoir besoin de temps.
Et du temps il m’en fallait. Pour trouver les bons médecins bien sûr, et puis surtout pour être en paix avec moi-même.
Au début j’ai pensé vous parler de mes complexes d’adolescentes qui m’ont suivi si longtemps. Mes cuisses toujours trop larges selon moi, mes seins en pointent qui suscitaient des moqueries et remarques douteuses. J’ai longtemps lutté pour amincir le bas, à défaut d’élargir le haut.
Et puis il y a 5 ans, je viens de déménager et vais voir un nouveau médecin pour lui dire qu’en un an, j’ai pris 9 kg. Aucune modification du régime alimentaire, autant de sport.
Sa réponse est sans appel :
-C’est normal, vous vieillissez.
En effet. Je viens de sonner 25 ans. Mon corps, officiellement, vieilli. Le traître. Et puis quelques invités supplémentaires. Mon traître aurait-il un médecin pour associé?
Au final je prendrai 18kg en 2 ans. D’abord les fesses et cuisses, quelle ironie, puis le ventre, les bras et enfin la poitrine. La sensation que mon corps est gourd. Il se meut différemment. Cette prise de poids, très rapide, n’est bien sur pas sans conséquences. Maux de dos, maux de ventre, problèmes d’acné…
Ce dernier symptôme me fait m’intéresser aux déséquilibres hormonaux. Je connais des personnes rondes et en obésité, toutes ne sont pas condamnées au visage adolescent. Je n’en ai pas eu plus que ça étant jeune, je me dis que c’est donc à creuser. Un léger déséquilibre hormonal. Rien de grave. Vous pouvez garder la pilule, la changer…
A ce moment-là je ne réalise pas encore que c’est justement le changement de pilule qui cause tout cela. Une gynécologue, consultée une fois, a décidé que ma pilule était « une catastrophe pour [ma] santé ». Je la prends depuis des années mais elle est médecin, elle sait ce qu’elle dit. J’ai 22 ans. Cette femme reste ancrée dans mon souvenir et l’examen qu’elle pratiqua ce jour là comme le plus violent que j’ai subi à ce jour. Violence psychologique (critiquant ouvertement ma vie sexuelle probablement multipartenaires vu mon choix d’études, quand je suis en relation monogame depuis mes 18 ans), violence physique également, me griffant pour me ramener vers l’avant de la table de consultation suite à un recul de douleur et enfin, violence gynécologique, car elle me fit un toucher vaginal, le premier de ma vie, insérant 3 doigts d’un coup sans prévenir. Et oui, malgré tout cela, lorsque je suis sortie avec ma démarche douloureuse et ma honte, j’ai suivi son ordonnance et changé mon contraceptif. Parce qu’elle est médecin. Elle sait ce qu’elle fait.
Mais je ne décide pas de changer de pilule, peut-être est-ce l’inconscient, je veux un stérilet en cuivre. La gynécologue qui me suit alors n’est pas trop pour, mais pas trop contre non plus. Elle le posera. Sans grande délicatesse. Je ferai un malaise vagal et resterai 45 minutes dans sa salle d’attente les jamebs relevées au milieu des autres patientes qui attendent leur tour.
Le fil coupé trop long, j’y retourne 3 heures plus tard. Elle rechigne mais raccourci.
A ce moment là, je crois voir la fin de mon calvaire. Je perds rapidement deux kilos, et je « dégonfle ». Car oui, il s’agit surtout de rétention d’eau.
Mais les cycles s’allongent. Mon médecin traitant, que j’ai gardé malgré son avis sur mon âge et la prise de poids, découvrent que mes maux de dos sont en fait dûs à un accident de voiture que j’ai eu 10 ans plus tôt.
– Bon, bah va falloir faire de la kiné là… Mais ce sera à vie.
Les maux de ventre? Probablement un colon irritable. C’est pratique, c’est le mal du siècle. Par contre pour les cycles qui s’allongent sans cesse, les douleurs du jour 10 jusqu’aux règles ( à jour 45 pour les derniers), je ne tiens plus.
– Il faudrait consulter votre gynécologue d’urgence par contre.
Mais quand j’appelle ma gygy, elle accepte de me recevoir sous six semaines. En urgence? Oui, oui… Dans six semaines.
Alors j’ai fait ce que j’aurais dû faire depuis le début, j’ai consulté Gyn&Co, que je ne recommanderai jamais assez. Et j’ai eu la plus belle consultation de ma vie.
– Aïe! Désolée ça fait mal.
– Ne soyez pas désolée. Si ça fait mal c’est qu’il vous faut la taille en dessous.
– Il y a plusieurs tailles de spéculum?
– Bah. Il y a bien plusieurs tailles de vagins.
C’est logique. Finalement, elle opte pour une écho, un IRM et m’oriente vers un gynécologue. Elle ne sait pas si c’est grave, mais ce n’est pas normal.
Je sors en pleurant de soulagement. Enfin, je me suis sentie écoutée et respectée.
Je passerai deux ans avec ce gynécologue, d’une grande gentillesse, quoique pas très explicatif, vous comprendrez plus bas. En voyant mon dossier sa première question est de savoir si je veux des enfants.
Oui. Enfin je crois. Enfin oui, oui je me suis toujours dit que j’en aurais. Mais pas maintenant. Mais je veux avoir le choix.
Ce sera la pilule, mais une autre, et on fait des analyses de sang avant pour savoir laquelle prescrire.
– Mais mademoiselle, on ne prescrit pas une pilule comme ça sans savoir ce qu’on a en face comme organisme!
Bah oui. Mais la madame elle avait un diplôme… Je réalise alors que je ne suis plus une enfant.
My body, my choice.
Ce slogan, qu’il a résonné fort en moi. Je l’ai senti dans chacun de mes vaisseaux, sur chaque parcelle de ma peau… Mon corps, mon choix.
Alors au final, vous vous demandez probablement ce qu’il s’était passé.
Eh bien rien. Rien de plus que je ne l’ai déjà dit. Et pourtant… J’ai omis tant de détails.
Pendant deux ans, écho tous les 6 mois pour regarder mes ovaires et les petits kystes fonctionnels qui me faisaient si mal et allongeaient mes cycles.
Sous pilule ils partent tous, les ovaires sont en pause.
Les maux de ventre s’envolent.
Arrivent le printemps dernier. Je choisir d’arrêter la pilule, j’en ai parlé dans cet article, et je savoure la reconnexion à mon corps. Un mois, deux mois.
Arrive la rentrée et rien ne va plus. Je reprends du poids et les maux de ventre sont revenus. Ils ont empirés. Une nuit, je dois aller aux urgences.
Et je découvre que je fais des colliques hépatiques. Ce sont des calculs, dans la vésicule biliaire, qui se coincent en sortant, et la douleur est si insupportable que je pleure, j’ai des spasmes, du mal à tenir sur mes jambes, et je découvre la morphine pour la première fois.
Ma première crise aura lieu le 31 août. Je serai opérée le 16 novembre. A la fin, je ne pouvais même pas tenir un bouillon.
Quel rapport, me demanderez-vous, avec le gygy ?
Eh bien je n’ai que des hypothèses. J’ai beaucoup échangé sur le sujet avec mon chirurgien, parce que c’était la première fois qu’une patiente lui en parlait.
J’ai remarqué en observant mon corps que les crises se corrélaient et gagnaient en intensité à certaines périodes de mon cycle.
En parallèle, j’ai également découvert que mon foie, qui traite les graisses et envoie la bile vers la vésicule, a aussi un rôle important dans la production de l’oestrogène.
Oestrogène qui participe à la création de nos réserves de graisses.
On pourrait penser que tout ceci ne sont que des éléments isolés. Je ne suis pas médecin et c’est pour cela que j’ai beaucoup échangé sur le sujet avec mon chirurgien. Et chaque jour je continue d’observer. Mon cycle est redevenu plus régulier, bien que dans la moyenne haute, je perds du poids régulièrement, sans avoir modifié mon alimentation et en faisant moins de sport qu’avant (l’enchainement opération, fêtes de noël, ça fait un bon combo flemme installée ;).
Je n’ai plus jamais mal au ventre.
Alors voilà, j’aurais pu garder l’ancien titre de cet article. Mais la conclusion à tout ça, c’est que le 7 décembre j’ai vu un nouveau gynécologue, l’ancien étant trop loin de mon nouveau domicile.
Cet nouveau gygy, également chef de service en obstetrique (autnt vous dire qu’il connaît le sujet), m’a regardé avec un grand sourire et m’a simplement dit :
– Mais madame, vous allez très bien .
Il l’a dit avec un sourire rès chaleureux, rassurant. Et on a parlé d’art.
J’ai eu besoin de temps pour l’écrire cet article. Mais aujourd’hui, en mettant le point final, je suis heureuse d’avoir pris ce temps. D’abord parce que ça se termine bien. Je n’ai pas retrouvé mon poids d’avant mais je ne le cherche pas. J’ai accepté que mon corps change. J’ai accepté mes cuisses, mes fesses, mes seins en avant.
J’ai mis derrière moi beaucoup de négativité. J’ai appris des choses sur mon corps, sur son fonctionnement. Je me pose beaucoup de questions aussi sur comment faire pour que les différentes pièces de ma machinerie soient en harmonie.
Mais surtout, je souris un peu plus. Parce qu’aujourd’hui, pour la première depuis un moment, je vais très bien.
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